Passage de témoin

Après 10 ans de bons et loyaux services, Benoît Gruau décide de passer la main en tant que président du Fonds de dotation. Enjoué, passionné, entouré d’amis dans ce projet où il s’est donné à fond, nous sommes allés l’interroger sur ses souvenirs, ses motifs de réjouissance et ses projets à venir. Cette interview croisée avec Xavier, le nouveau président du fonds de dotation qui a accepté ce bel engagement et qui suit le projet depuis quelques années déjà, nous permet de réaliser la beauté de l’engagement, derrière une histoire de transmission et d’amitiés.

Claire Renard : Bonjour Benoît, après dix ans à la tête du fonds de dotation, que garderas-tu de cet engagement ?

Benoît Gruau : Je garde tout d’abord une immense gratitude envers Don Pierre-Antoine qui m’a embarqué dans ce projet en septembre 2015 et m’a permis de m’y engager pleinement. Je remercie également tous les bénévoles avec qui j’ai travaillé dans la joie pour bâtir ce projet unique en France de lieu intergénérationnel, social et éducatif, regroupant cinq générations, et qui a redonné vie à l’ancien Hôtel-Dieu de Laval. 

Ce projet audacieux est né d’une idée et de la volonté de quelques bénévoles la foi chevillée au corps, sans oublier de l’aide précieuse de la famille Lelièvre et des généreux donateurs, de la compétence technique de certains et de la confiance de nos banquiers. Et Dieu sait qu’il en fallait, de la confiance, car on nous avait dit que nous n’y arriverions pas. La Providence a été particulièrement généreuse avec nous, notamment en y préservant l’unité. Je remercie les premiers résidents, les premiers médecins, les premières familles qui nous ont fait confiance et nous ont rejoint pour y vivre ou y exercer leur métier. Je garderai aussi de nombreux souvenirs de rire et de joie dans la construction de l’Espace Saint-Julien. De grandes amitiés y sont nées.

Claire Renard : Qu’est-ce qui aujourd’hui te réjouit le plus à Saint-Julien ?

Benoît Gruau : Avec les anciens et les actuels bénévoles, nous avons tout d’abord la satisfaction d’un travail accompli. Aujourd’hui, l’Espace Saint-Julien accueille chaque semaine 400 personnes, sans compter les patients de la maison de santé. 80 bénévoles y sont investis et 30 salariés y travaillent. Avec l’arrivée de l’Internat en septembre, sept tous les pôles (le Nid, la Cabane, l’Internat, la Coloc, le Logis, la Cale et la Maison de santé) y sont désormais installés. Ce projet s’est construit sans l’aide d’argent public, si précieux dans les temps actuels. Nos entreprises mayennaises ont redonné vie à un lieu chargé de mille ans d’histoire. 

Mais surtout, ce qui me réjouit, comme pour les premiers bénévoles, c’est que l’esprit Saint-Julien, alliant humour, solidarité entre petits et grands et soin des plus fragiles, imaginé il y a dix ans, souffle désormais dans cette belle maison de la rive gauche. Enfin, en transmettant le relais à Xavier [Dumant] et au nouveau fonds de dotation, entièrement renouvelé, à l’instar des différents chefs de pôles, je sais que l’Espace Saint-Julien vivra longtemps en donnant de bons fruits. Ce projet nous dépasse. Chaque bénévole doit en être un serviteur. Longue vie à Saint-Julien ! Un seul cœur une seule âme !

Claire Renard: Quels sont tes projets ?

Benoît Gruau : Je vais consacrer tout d’abord plus de temps à la fois à ma famille et à mon métier d’avocat car parfois, les journées étaient longues. Je compte également m’engager avec Charlotte, ma femme, dans d’autres projets qui nous tiennent à cœur. Ensuite, comme pour Saint-Julien, je vais laisser la Providence me guider là où je suis appelé.

Claire Renard : Bonjour Xavier [Dumant], tu as repris la tête de l’Espace Saint-Julien, pourquoi t’es-tu engagé dans cette mission ?

Xavier Dumant : Vers 7-8 ans, j’ai répondu à l’appel de mon maître de CM1 d’aller visiter une vieille dame isolée, chaque semaine. C’était tout simple mais ces moments se sont gravés dans ma mémoire et ont contribué à ma construction.

En mai 2023, DPA et Benoît m’ont appelé à entrer au Fonds de Dotation comme secrétaire général. Dès lors, j’ai pu mieux découvrir, comprendre et aimer encore davantage ce projet, de l’intérieur. Après beaucoup d'hésitations, parce que je n’ai ni la légitimité ni les compétences de Benoît, j’ai décidé de m’appuyer sur la confiance des membres du FDD et les encouragements de mon épouse Virginie pour recevoir le témoin et servir Saint-Julien comme président.

Nous nous sentons orphelins de cette équipe de fondateurs, audacieuse et généreuse, capable d’entraîner autant de bénévoles par leur charisme et particulièrement, celui de Benoît. Notre équipe renouvelée va devoir “marcher sur l’eau”, avec la chance incroyable de pouvoir toujours compter sur leur soutien bienveillant et efficace.

Je me suis engagé dans ce projet parce que j’ai le désir de contribuer, à ma mesure, à une œuvre qui construit le Bien Commun et parce qu’elle est portée en confiance par une équipe animée par la Foi, soudée, joyeuse et enthousiaste.

Claire Renard : Quelle est ta conception du rôle du FDD ?

Xavier Dumant : Le FDD, ce n’est pas une holding ! C'est un organe interne, enfoui, dont la mission essentielle est de faire circuler la Vie et le Sens entre les membres de Saint-Julien, entre les pôles. Il est le garant de la pérennité, de l’unité, du respect de la charte et de la raison d’être que nous nous sommes données. Il n'a de sens qu’au service de la croissance des pôles, qui portent généreusement le service.

Claire Renard : Quelle va être ta mission maintenant que tous les pôles sont installés à Saint-Julien ?

Xavier Dumant : La page de la fondation se tourne, celle de la pérennisation s’ouvre : il y a beaucoup de choses à sécuriser, à inscrire dans le temps long, comme l’équilibre économique qui nécessite de nouveaux dons. Ceci dit, rien n’interdit d’imaginer de nouveaux pôles !

Avec tous, résidents, bénévoles, professionnels, Amis, donateurs, et le Fonds Lelièvre, notre ami et associé, nous continuerons à nous projeter vers l'avenir : comment consolider les murs de Saint-Julien au sens propre et les abattre au figuré ? Comment faire pour que Saint-Julien réponde toujours mieux aux besoins sociaux de notre temps et permette à toutes les générations de grandir ensemble ?