Madame l’abbesse de la Coudre, Sœur Patricia, supérieure du Carmel, Monsieur le vicaire général, don Paul, dom Gérard, Monsieur le préfet, Monsieur le député, Monsieur le sénateur, Monsieur le maire, Mon général, Mesdames et Messieurs les généreux mécènes et donateurs, chers bénévoles, chers résidents qui vivez déjà à Saint Julien,
C’est autour d’une pizza, à Rome, il y a sept ans, que l’aventure de l’Espace Saint-Julien a commencé.
Evoquant un internat Notre-Dame de Pontmain à l’étroit, rue du colonel Flatters à Laval, quelques bénévoles se sont mis à rêver d’un projet intergénérationnel où nous pourrions réunir sur un même lieu, des femmes, des hommes, des enfants, de tout âge, de toute origine et de toute condition sociale.
Il se trouve qu’au même moment, la ville de Laval vendait son ancien hôpital, laissé sans activité depuis quelques années.
Comme tout rêveur, nous n’avions évidemment pas un sou en poche.
Nous avons alors rencontré providentiellement Michel et Xavier Lelièvre, nos voisins sarthois, qui nous ont permis d’acquérir ce lieu pour réaliser ce projet totalement fou. Qu’ils en soient remerciés.
L’aventure de Saint Julien allait pouvoir enfin commencer !
Mais avant de vous présenter Saint Julien, permettez-moi de commencer mon propos par un peu d’histoire en vous parlant de ce lieu remarquable dans lequel vous vous trouvez.
Ensuite, je vous parlerai de notre intuition dans ce projet, de sa réalisation, du chantier que cela a représenté et enfin de ce que nous offrons à Saint Julien.
Saint Julien : c’est d’abord un lieu chargé d’histoire, ancré dans notre ville
L’écrivain Frédéric Mistral a écrit que : « Les arbres qui ont des racines profondes sont ceux qui montent haut. » Et en Mayenne, terre agricole, nous savons l’importance des racines pour qu’un arbre donne de bons fruits.
Savez-vous que le lieu où nous nous trouvons, que certains Mayennais appellent encore « l’ancien hôpital » a 1000 ans d’histoire ! Le même âge que le château de Laval…
Depuis la construction d’une modeste salle d’accueil pour les pèlerins et commerçants au XIème siècle jusqu’à l’arrivée des religieuses hospitalières de Saint Joseph au XVIIème siècle...
1000 ans qu’à Saint Julien, des hommes et des femmes, pèlerins, indigents, malades, sont accueillis, soignés en ce lieu.
Vous saisissez mieux les racines de notre projet.
Nous ne sommes finalement que dans la continuité de la grande Histoire de Saint-Julien.
Pensons à ces sœurs hospitalières de Saint Joseph, qui durant 300 ans, ont soigné sans compter, jour et nuit, gratuitement, parfois au risque de leur santé et de leur vie !
Cette histoire de Saint Julien, ce long sillon laissé par nos aînés, a profondément vivifié toute l’équipe de bénévoles tout au long de ce projet.
Mais revenons si vous le voulez bien au XXIème siècle !
Saint Julien, c’est ensuite et surtout une idée, une intuition que l’intergénérationnel est l’avenir de notre société.
- Conscient de la solitude de nos aînés (la crise du Covid nous a montré la richesse que constituait une famille, des proches),
- Conscient d’une fracture intergénérationnelle causée par nos modes de vie,
- Conscient d’un besoin croissant d’éducation chez les jeunes,
nous avons rêvé d’un lieu où les différentes générations échangeraient, s’entraideraient.
Les jeunes, nous le savons, ont besoin de la tendresse, de la parole et de l’histoire de leurs ainés.
Et les aînés, au contact des plus jeunes, prennent conscience que leur vie a une grande valeur, qu’ils ont une place sacrée dans notre société.
Mgr Scherrer nous rappelait il y a quelques jours cette très belle phrase d’Anne-Dauphine Julliand : « Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut plus ajouter de jours à la vie ».
Un ancien chef d’état-major de l’armée française, soutien du premier jour de Saint Julien (qu’il en soit également remercié) a parlé dans son très bon livre « Qu’est-ce qu’un chef ?» de l’urgence de l’intergénérationnel, de la nécessité de l’unité entre les générations.
Saint-Julien est également un lieu d’accueil, un lieu ouvert sur la ville. Car Saint-Julien est un lieu social. Cet aspect social nous oblige. Les plus faibles et les plus isolés doivent être les premiers servis. Pour cet aspect social, nous avons besoin de vous. Avec l’aide des généreux donateurs, nous avons l’ambition d’accueillir des personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir une résidence sénior, des jeunes qui n’ont pas la chance d’avoir une famille permettant de leur offrir des loisirs. Le social, c’est enfin l’urgence de lutter contre ce cancer qu’est la solitude, l’absence de lien social.
Enfin, Saint-Julien est un lieu éducatif : accueillir, faire confiance, offrir un lieu bienveillant pour les enfants, surtout ceux qui en ont le plus besoin. Don Bosco a aimé. Ce fut là son secret. Eduquer, disait-il, « c’est tenter de comprendre le jeune, c’est d’être convaincu qu’à la base de toute éducation, il y a moins les idées et le raisonnement que l’amour ».
Nous avions l’idée, le cœur, l’envie. Il restait à la réaliser.
En utilisant les talents et l’intelligence de chacun pour y arriver, nous avons travaillé sans relâche à l’ouverture de Saint-Julien.
Parties d’une petit poignée de volontaires, nos équipes se sont étoffées petit à petit.
Je profite de ce grand jour pour saluer l’ensemble des bénévoles qui ont travaillé et continuent d’œuvrer gracieusement à la réalisation de Saint-Julien, à la réalisation du Bien commun.
Je salue tout particulièrement don Pierre Antoine Belley, natif de Peuton (l’un des plus beaux villages de France 😊). Educateur inspiré et inspirant, entrepreneur infatigable, avec une foi à transporter des montagnes, Il est l’âme de ce projet. DPA ainsi que Hugues Préaux, notre ministre des finances ingénieux et fidèle, sans eux, l’internat ne serait pas né et Saint-Julien n’aurait pas vu le jour. Je salue également Gilles parti vendre du fromage sur un autre continent, Christophe, notre « Général Constant », Edouard et Romain, mes fidèles compagnons de nos 150 réunions du Fonds de dotation, Charlotte, Claudine, Coraline, Nathalie, Anne, Philippe, Marc, Antoine, Nicolas, Bertrand, les JB, Guillaume (je ne peux pas tous les citer mais ils sont dans mon cœur), tous ces bénévoles qui travaillent sans relâche depuis six années. Quelle joie de travailler à vos côtés. J’ai aussi une pensée particulière pour les familles des bénévoles qui ont accompagné ce projet avec patience durant toutes années.
Je salue également les nombreux mécènes : la fondation Bettencourt, la fondation Caritas Pro vitae Gradu, le fonds Saint-Christophe, La Mayenne innove, les Transmetteurs, le Panier Saint Joseph, mais aussi Bruno Lucas, Samuel Tual et tous les autres entrepreneurs… sans oublier tous ces donateurs particuliers et anonymes qui continuent de donner pour que vive Saint-Julien.
Je remercie également nos banquiers : la BPGO et le Crédit Coopératif qui nous ont permis de financer nos travaux.
Bien sûr, ce projet n’aurait pas pu naitre sans la foi, sans le seul patron qui se trouve au-dessus de nous, sans la prière des sœurs ici présentes. La Providence a fait le reste, notamment par ces merveilleuses rencontres, ces bénévoles qui se sont présentés sur notre route, ces familles qui ont déménagé en Mayenne pour le projet, pour ces médecins qui ont cru en Saint-Julien.
Côté gouvernance, nous avons travaillé sur la base d’une charte qui nous guide depuis six ans et qui constitue la colonne vertébrale de Saint Julien. En voici les cinq fondements : BIENVEILLANCE, RESPONSABILITE, SERVICE DE L’AUTRE, RESPECT DE LA VIE, FOI et PAIX.
Saint Julien, c’est aussi un chantier, un très gros chantier, vous allez pouvoir vous en rendre compte dans quelques minutes.
6000 m2 de bâtiments anciens à rénover ! 375 fenêtres à remplacer ! 17.275 m2 de peinture ! 1366 m de plinthes de couloirs… n’est-ce pas Marie (à qui on doit beaucoup pour ce chantier), Joachim et Vincent.
Nous en sommes même à notre quatrième préfet.
Depuis 2017, date d’acquisition de l’ancien hôpital, nous avons étudié ces bâtiments, réfléchi à leur transformation, calculé le meilleur coût et enfin procéder à la rénovation de ce lieu, sans solliciter un euro d’argent public.
Nous avons sciemment décidé de conserver l’existant, de l’embellir, de préserver le parc et chacun de ses arbres, la chapelle, œuvre de Léopold Ridel, grand architecte de notre ville.
Les 3.500 visiteurs des journées du patrimoine de septembre 2019 ne reconnaitraient probablement pas les lieux tellement ils ont été embellis.
Mesdames, Messieurs les entrepreneurs mayennais ou d’ailleurs, les ingénieurs, les contre-maîtres, les ouvriers qui ont travaillé sur ce chantier, qu’ils en soient remerciés car vous avez réalisé du Beau. C’était essentiel pour nous. « La beauté sauvera le monde » a écrit Dostoïevski. Il visait le salut de l’âme.
Et surtout, chères entreprises mayennaises et d’ailleurs, quelle joie fut l’ambiance de ce chantier ! Les petits déjeuners et moments festifs passés avec les ouvriers nous ont révélé combien ils étaient heureux de rénover ce lieu chargé d’histoires.
Maintenant que je vous ai parlé de l’origine du projet, de sa réalisation, de ses travaux de réhabilitation, qu’allez-vous trouver à Saint Julien ?
Par ordre de tranches d’âge et en les appelant par leur nom :
Le NID, une micro-crèche accueillant 12 enfants de 0 à 3 ans, montée en collaboration avec Tom & Josette, une belle entreprise à mission ;
La CABANE, un accueil périscolaire accueillant 84 enfants du primaire. Nos parents appelaient cela le « patronage » – à l’instar de l’USL, des Francs-Archers, de l’ASPTT – que beaucoup de Lavallois ont fréquenté.
L’INTERNAT, qui accueillera jusqu’à 70 collégiens et lycéens, scolarisés à Laval. Ce pôle était le premier annoncé et il sera le dernier à arriver.
La COLOC, la résidence étudiante qui peut accueillir 12 étudiantes ou jeunes professionnelles. Un âge merveilleux pour donner du temps aux autres, pour s’engager, et donc pour recevoir.
Le LOGIS, la résidence sénior, le bateau amiral de ce projet, par la place qu’il occupe et par le soucis de prendre soin de nos anciens. Ils ont tant à donner. Alors merci à Mesdames Henri, Perrault et tous les autres résidents de Saint-Julien, qui nous ont fait confiance.
La MAISON MEDICALE : nos french doctors. Pas facile d’en trouver par les temps qui courent. Nos élus le savent et se battent pour les attirer en Mayenne. La MAISON MEDICALE comprend aujourd’hui 3 médecins généralistes, une psychiatre, une psychologue et trois infirmières.
La CALE, le café solidaire : le lieu le plus important pour nous les Mayennais. pas seulement pour ses breuvages et par l’ambiance qui y régnera. Tous les Lavallois pourront en profiter. Nous espérons pouvoir y faire travailler des salariés porteurs de handicap.
Enfin, la CHAPELLE : elle est l’âme de notre projet bien évidemment. Elle va être réhabilitée et offerte à la vue de tous les Lavallois. Monsieur le Maire, Messieurs les élus, vous serez fiers de nous.
Vous pouvez vous aussi participer à Saint-Julien en faisant des dons (comme certains l’ont déjà fait) et en adhérant à l’association des Amis de Saint-Julien, adhésion qui vous permettra d’être informés des activités, conférences, rencontres qui seront organisés dans ce lieu et vous donnera accès au restaurant du Logis.
Je terminerai mon propos par une citation d’un compositeur de génie « Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d'un trait jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager ». C’est sur cette note pleine d’optimisme que je vous souhaite une bonne visite de Saint-Julien. Merci.
Avant de vous faire visiter l’Espace Saint Julien en petits groupes, quatre générations vont inaugurer, dans la pièce d’à côté, la plaque marquant l’inauguration de ce lieu qui est reparti, je l’espère, pour 1000 nouvelles années !
Benoît Gruau
Président du Fonds de dotation Saint-Julien